Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisait au Louvre. Lorsquelle arriva, lon admira sa beauté et sa parure ; le bal commença et, comme elle dansait avec M. De Guise, il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelquun qui entrait et à qui on faisait place. Mme de Clèves acheva de danser, et pendant quelle cherchait des yeux quelquun quelle avait dessein de prendre, le Roi lui cria de prendre celui qui arrivait. Elle se tourna et vit un homme quelle crut dabord ne pouvoir être que M. De Nemours, qui passait par-dessus quelque siège pour arriver où lon dansait. Ce prince était fait dune sorte quil était difficile de nêtre pas surprise de le voir quand on ne lavait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin quil avait pris de se parer augmentait encore lair brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir Mme de Clèves pour la première fois sans avoir un grand étonnement. Dune façon toute différente de celle des autres : il y avait quelque Ils font lobjet dune partie intitulée Rencontres exemplaire, ibid, p. 13 à 32 ; p 32. Depuis longtemps, demandons nous à Léonora Miano, depuis au moins lUtopie de Thomas More, il est une tradition, chez les intellectuels, qui consiste à inventer un pays qui nexiste pas-cest létymologie dutopie, ou-topos, le lieu qui nest pas-pour mieux parler de notre monde. Rouge impératrice sinscrit il dans cette tradition utopique? du démonstratif de notoriété, dans les chansons de geste composée de près de 200 enseignants de lÉducation nationale que nous avons sélectionnés. En quoi cette scène de rencontre est-elle originale?
Linexpérience sentimentale de des Grieux est tout de suite vaincue par la fatalité de la passion qui efface toute autre réaction : des Grieux ne se pose aucune question, il na aucune lucidité, ne se livre à aucune réflexion. Il se fit alors un grand silence ; on cessa de danser et les violons ne jouèrent plus, tant on était attentif à contempler les grandes beautés de cette inconnue. On nentendait quun bruit confus : Ah, quelle est belle! Le Roi même, tout vieux quil était, ne laissait pas de la regarder et de dire tout bas à la Reine quil y avait longtemps quil navait vu une si belle et si aimable personne. Toutes les Dames étaient attentives à considérer sa coiffure et ses habits, pour en avoir dès le lendemain de semblables, pourvu quil se trouvât des étoffes assez belles, et des ouvriers assez habiles. Le Fils du Roi la mit à la place la plus honorable, et ensuite la prit pour la mener danser. Elle dansa avec tant de grâce, quon ladmira encore davantage. Autant en emporte le vent, Margaret Mitchell 1936
Cette scène raconte un topos littéraire : une rencontre amoureuse entre un homme et une femme. Cette rencontre a lieu dans un cadre magnifique, le Louvre, au cours dun bal somptueux donné lors de fiançailles, en présence de personnalités de la noblesse. Les lecteurs ont ainsi limpression dêtre plongés dans un conte merveilleux.
Je la regardais, dabord de ce regard qui nest pas que le porte-parole des yeux, mais à la fenêtre duquel se penchent tous les sens, anxieux et pétrifiés, le regard qui voudrait toucher, capturer, emmener le corps quil regarde et lâme avec lui; puis, tant javais peur que dune seconde à lautre mon grand-père et mon père, apercevant cette jeune fille, me fissent éloigner en me disant de courir un peu devant eux, dun second, regard, inconsciemment supplicateur, qui tâchait de la forcer à faire attention à moi, à me connaître! Elle jeta en avant et de côté ses pupilles pour prendre connaissance de mon grand-père et de mon père, et sans doute lidée quelle en rapporta fut celle que nous étions ridicules, car elle se détourna et dun air indifférent et dédaigneux, se plaça de côté pour épargner à son visage dêtre dans leur champ visuel; et tandis que continuant à marcher et ne layant pas aperçue, ils mavaient dépassé, elle laissa ses regards filer de toute leur longueur dans ma direction, sans expression particulière, sans avoir lair de me voir, mais avec une fixité et un sourire dissimulé que je ne pouvais interpréter daprès les notions, que lon mavait données sur la bonne éducation, que comme une preuve doutrageant mépris; et sa main esquissait en même temps un geste indécent, auquel, quand il était adressé en public à une personne quon ne connaissait pas, le petit dictionnaire de civilité que je portais en moi ne donnait quun seul sens, celui dune intention insolente. Vasak Anouchka, De lorage dans lair dans Alain Corbin dir, La pluie, le soleil et le vent. Une histoire de la sensibilité au temps quil fait. Paris, Flammarion, 2013, pp 143-176. si confusément, que je naurais pu dire ce que je pensais de lui, non plus Textes: Rousseau, Les Confessions rencontre avec Mme de Warrens ; Stendhal, Le Rouge et le noir rencontre avec Mme de Rênal ; Flaubert, LEducation sentimentale rencontre avec Mme Arnould Ce travail a été préalablement présenté lors de la conférence Les émotions dans la culture française et francophone qui a eu lieu en novembre 2014 à lUniversité dHaïfa Israël. De plus, jai eu lopportunité de discuter les thèses principales de cette étude avec les étudiants de mon cours Emotion, corps et médecine : un regard historique de lUniversité de Genève. Je dois les remercier pour avoir échangé avec moi autour du coup de foudre. Dans le premier roman de, T héo rencontre Sarah. Ils saiment, ont un premier enfant, en attendent un second. Puis Sarah rencontre le cancer. Elle na pas 40 ans. Il suffit dobserver les paratextes des textes proposés dans ces deux corpus pour comprendre leur organisation. 17 Christian Oster, Dans le train, Les Éditions de Minuit, 2002.
Categories: