Deux soeurs, Iris et Joséphine. Iris, magnifique, avec ses cheveux dun noir de jeai et ses yeux bleus hypnotiques, envoûte les personnes. Tout le monde laime, Louis A ragon, Œuvres romanesques complètes, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, t. 4, 2008, p 965-971. Il y avait un vers de Racine que ça lui remettait dans la tête, un vers qui lavait hanté pendant la guerre, dans les tranchées, et plus tard démobilisé. Un vers quil ne trouvait même pas un beau vers, ou enfin dont la beauté lui semblait douteuse, inexplicable, mais qui lavait obsédé, qui lobsédait encore : Mais il en resta une, fort jeune, qui sarrêta seule, dans la cour, pendant quun homme dun âge avancé, qui paraissait lui servir de conducteur, sempressait pour faite tirer son équipage des paniers. Elle me parut si charmante que moi, qui navais jamais pensé à la différence des sexes, ni regardé une fille avec un peu dattention, moi, dis-je, dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue, je me trouvai enflammé tout dun coup jusquau transport. Javais le défaut dêtre excessivement timide et facile à déconcerter ; mais, loin dêtre arrêté alors par cette faiblesse, je mavançai vers la maîtresse de mon coeur. Quoiquelle fût encore moins âgée que moi, elle reçut mes politesses sans paraître embarrassée. Je lui demandai ce qui lamenait à Amiens et si elle y avait quelques personnes de connaissance. Elle me répondit ingénument quelle y était envoyée par ses parents pour être religieuse. Lamour me rendait déjà si éclairé, depuis un moment quil était dans mon coeur, que je regardai ce dessein comme un coup mortel pour mes désirs. Je lui parlai dune manière qui lui fit comprendre mes sentiments, car elle était bien plus expérimentée que moi. Cétait malgré elle quon lenvoyait au couvent, pour arrêter sans doute son penchant au plaisir, qui sétait déjà déclaré et qui a causé, dans la suite, tous ses malheurs et les miens. Je combattis la cruelle intention de ses parents par toutes les raisons que mon amour naissant et mon éloquence scolastique purent me suggérer. Elle naffecta ni rigueur ni dédain. Elle me dit, après un moment de silence, quelle ne prévoyait que trop quelle allait être malheureuse, mais que cétait apparemment la volonté du Ciel, puisquil ne lui laissait nul moyen de léviter. Dans Aurélien : hésitation avec point de vue omniscient ou interne. Très forte intertextualité avec le texte de Racine, il y a un refrain à chaque fin de paragraphe.
Mais un jour tout change dans lesprit dAurélien
On peut mesurer linfluence et la force dun esprit à la quantité de bêtises quil fait éclore. Il est précisé que le chevalier est dune grande timidité et quil est reconnu pour sa sagesse et sa retenue. De ce fait, il est lui-même surpris par lattirance que cette femme provoque chez lui et de son entrain à aborder la demoiselle comme le montre tant de facilité à mexprimer l.43. Ce changement de comportement vis-à-vis de la fille est du au sentiment amoureux. Cela se réfère à lexpression courante de nos jours lamour donne des ailes. Le chevalier a surmonté sa forte timidité grâce à lamour quil éprouve pour la jeune fille on ne ferait pas une divinité de lamour, sil nopérait souvent des prodiges l.44-45. Le mot prodige prouve que cétait un exploit pour le chevalier que dapprocher cette dame. La notion desprit revêt plusieurs sens. Elle désigne dune part lintellect, la raison, la pensée. Elle désigne dautre part lâme, lêtre immatériel qui constitue notre intériorité, notre personnalité. Les philosophes classiques ne faisaient pas de différence entre les deux: lâme, qui relève du sentiment que nous avons de nous-mêmes, est aussi le siège de la pensée. Cest peut-être une indication quaffectivité et raison sont plus étroitement unies quon ne le croit, dans lesprit, précisément. La première fois quAurelien vit Bérénice, il la trouva franchement laide l.1, étonnement il sagit dune rencontre amoureuse. Cette phrase introduit tout le roman, elle est constituée dune hyperbole franchement laide, qui permet dexprimer le physique extrêmement disgrâcieux de Bérénice Morel, aux yeux dAurélien. Cette exagération est employée au début du roman afin de marquer et choquer le lecteur. Mort à ceux qui mettent en danger les conquêtes dOctobre La-bas cest une exploration, une traversée, une quête, la mer, le ciel, un voyage, une aventure, la solitude et puis.. Une rencontre! Beaumarchais est un dramaturge comique du XVIIIème siècle, célèbre pour ses comédies qui portent, souvent, en leur sein, une charge critique contre les vices de la société, comme dans sa fameuse trilogie : Le Barbier de Séville, Le Mariage de Figaro, La Mère coupable. La biographie est bien sûr intéressante, indispensable même quand on veut une approche scientifique de lœuvre, mais tôt ou tard on finit par butter sur lobstacle de la morale : qui est celui qui parle? Est-il suffisamment parfait pour quon ne puisse relever aucune contradiction dans son discours et donc balayer dun revers de manche lensemble de son discours? Evidemment non. Et puis nous sommes rapidement repris par la circularité de largument : nous-mêmes en tant que commentateurs, pouvons-nous nous prévaloir de cette perfection que nous exigerions des artistes? Evidemment non ce qui invaliderait alors également notre discours critique. Alors si nous voulons éviter le grand silence, reconnaissons plutôt que dans toutes les grandes œuvres, cest lhumanité en marche qui parle. Peu importe au fond celui ou elle qui monte à la tribune pour sen faire le porte-voix : ce qui importe cest cette parole et dans quelle mesure je pourrais my reconnaître, voire me lapproprier pour éclaircir ma vie. Et laissons à lhistoire et à la justice le soin de juger les hommes. Le texte fonctionne par association didées: une étoffe le fait penser à dautres femmes, sa tenue qui loppose à une princesse dOrient, le nom de Bérénice qui lui rappelle un vers de Racine.. La pensée nest pas présentée comme organisée. Nous passons dun élément à un autre sans lien évident. Dans la valise des chercheurs : Titus naimait pas Bérénice Ici cest la même chose, il voit bérénice, il médite sur le prénom, ça lui rappelle un vers, puis la pièce..etc
Le premier est doublement clandestin puisquil sagit dun texte érotique En général, les vers, lui Mais celui-ci lui revenait et revenait. Pourquoi? cest ce quil ne sexpliquait pas. Tout à fait indépendamment de lhistoire de Bérénice lautre, la vraie Dailleurs il ne se rappelait que dans ses grandes lignes cette romance, cette scie. Brune alors, la Bérénice de la tragédie. Césarée, cest du côté dAntioche, de Beyrouth. Territoire sous mandat. Assez moricaude, même, des bracelets en veux-tu en voilà, et des tas de chichis, de voiles. Césarée un beau nom pour une ville. Ou pour une femme. Un beau nom en tout cas. Césarée Je demeurai longtemps je deviens gâteux. Impossible de se souvenir : comment sappelait-il, le type qui disait ça, une espèce de grand bougre ravagé, mélancolique, flemmard, avec des yeux de charbon, la malaria qui avait attendu pour se déclarer que Bérénice fût sur le point de se mettre en ménage, à Rome, avec un bellâtre potelé, ayant lair dun marchand de tissus qui fait larticle, à la manière dont il portait la toge Tite. Sans rire Tite.
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